Activités de la Chaire UNESCO

CREA-PAIX : Euphrasie Yao ravive l’héritage de la R1325 et le rôle clé des communautés pour la paix - Publiée le 17/11/2025

  
  

CREA-PAIX, vingt-cinq ans après la 1325 : une conférence qui réaffirme le rôle décisif des communautés dans la paix en Côte d’Ivoire

Au lendemain d’une matinée dense consacrée à la paix menée par les communautés, la Conférence à mi-parcours de la campagne mondiale CREA-PAIX a confirmé, hier jeudi 13 novembre, la place singulière qu’occupe la Côte d’Ivoire dans l’écosystème international de la Résolution 1325. Organisée par la Chaire UNESCO Eau, Femmes et Pouvoir de Décisions, cette rencontre hybride, en présentiel et virtuelle pour la très grande partie de la communauté, a réuni des acteurs institutionnels, des partenaires de longue date et des citoyens engagés autour d’un héritage devenu un modèle continental.


Vingt-cinq ans après l’adoption de la Résolution 1325 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, et dix-sept ans après le premier Plan d’Action National ivoirien piloté en 2008 par la Ministre Euphrasie Kouassi Yao, l’esprit de la paix inclusive demeure puissant. La conférence d’hier l’a rappelé avec force. Les interventions se sont succédé sans emphase inutile, mais avec une profondeur analytique qui témoigne de la maturité du mouvement.
La Ministre Euphrasie Yao a ouvert les discussions en revenant à la source de sa doctrine. Pour elle, toute paix véritable s’enracine dans la communauté. Cette conviction n’est pas théorique. Elle s’appuie sur des années de pratique de terrain et des initiatives impactantes et inspirantes. « Donner son visage, c’est donner sa vie pour la paix » a-t-elle rappelé. Ce credo irrigue toute l’architecture de CREA-PAIX qui touche aujourd’hui quatre continents et plus de vingt-deux pays.


Le bilan de la campagne mondiale a ensuite été présenté par Kelly Kanga, qui a mis en lumière une dynamique déjà bien installée. Treize webinaires gratuits, une formation présentielle certifiante, un défi citoyen « 360 jours pour la paix », une portée médiatique estimée à vingt-trois millions de personnes. CREA-PAIX s’est affirmé comme une troisième voie de la paix, qui n’est ni militaire, ni strictement diplomatique, mais ancrée dans la proximité. Une voie faite de transmission, d’engagement individuel et d’actions concrètes.
L’un des moments les plus attendus fut l’intervention de Yacouba Doumbia, Directeur des programmes à ONU Femmes Côte d’Ivoire, invité au nom de la Représentante Résidente mais aussi et surtout collaborateur il y a de cela quelques années de la Ministre Euphrasie Yao. Il a salué « la constance » et « l’engagement inspirant » de la Ministre Euphrasie Yao, rappelant que grâce à elle, la Côte d’Ivoire fut le premier pays d’Afrique à élaborer un plan national de mise en œuvre de la Résolution 1325. Sur la scène internationale, seuls seize pays avaient alors franchi ce cap. Le modèle ivoirien se distingue encore aujourd’hui par l’équilibre qu’il établit entre l’État, la société civile et les partenaires techniques.


Selon M. Doumbia, la paix a besoin des femmes, mais les femmes ont aussi besoin de la paix. Cette formule a résonné comme un fil conducteur dans une conférence où l’on a vu défiler des exemples concrets de réussite. Intégration du genre dans les politiques de défense et de sécurité. Mise en place de comités de paix à forte participation féminine. Formation de centaines de médiatrices. Des résultats qui lient directement le premier plan d’action à l’essor de CREA-PAIX.
La Ministre Euphrasie Yao a ensuite proposé une lecture structurée de la construction de la paix. Trois voies, dit-elle. La première hérite d’une logique militaire qui prépare la guerre pour espérer la paix. La deuxième repose sur la diplomatie traditionnelle. La troisième, incarnée par CREA-PAIX, remet les communautés au centre. Cette approche s’équipe d’outils d’anticipation comme le COFA, pensés et implantés par la Ministre, qui aide à prévenir les crises au lieu d’attendre leur éclatement. « On ne peut pas gérer la paix aujourd’hui comme on le faisait il y a quarante ans » a-t-elle insisté.


L’intervention de Dr Kodjo, vice-présidente du Conseil National des Droits de l’Homme, est venue renforcer cette analyse. Pour elle, CREA-PAIX rassemble des femmes qui croient en la puissance transformatrice de l’action citoyenne. Elle voit dans cette initiative un continuum entre la Résolution 1325, son plan d’action ivoirien et la campagne mondiale lancée en 2025. Une succession logique qui élargit la participation citoyenne, consolide les acquis institutionnels et ouvre de nouveaux espaces au leadership féminin.
La conférence s’est conclue par un appel clair. La paix ne se délègue pas. Elle s’exerce, elle s’apprend, elle se nourrit. Elle se construit au quotidien, dans les foyers, les villages, les quartiers, les institutions. « CREA-PAIX a besoin de chacun de vous » a rappelé la Ministre Euphrasie Yao. Une phrase prononcée sans solennité excessive, mais avec une conviction qui dit l’essentiel.

La flamme de la paix, hier, n’a pas seulement été ravivée. Elle a été confirmée. Et l’on comprend, en quittant cette conférence, que le mouvement ne fait que commencer.

Alpha Mourinho