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Alphabétisation en Afrique occidentale: État des lieux(1ère partie) - Publiée le 22/09/2015

  
  

l y a 50 ans, l’UNESCO introduisait une nouvelle approche de l’alphabétisation, dite fonctionnelle, et l´intégrait dans son « programme expérimental », lancé avec le PNUD. L´alphabétisation était désormais reconnue comme l´une des clés du développement. Quelles évolutions depuis un demi-siècle? A l´occasion de la Journée internationale de l´alphabétisation 2015, Amadou Wade Diagne, expert en éducation sénégalais, mesure le chemin parcouru en Afrique de l´ouest.

Du 8-19 septembre 1965, au Congrès mondial des ministres de l’Education sur l’élimination de l’analphabétisme, l’UNESCO introduisait une nouvelle approche de l’alphabétisation, dite fonctionnelle. Peu après, elle l´intégrait dans « Le programme expérimental » (1967-1973) qu´elle lançait avec le PNUD. L´alphabétisation était désormais reconnue comme l´une des clés du développement. Au terme de ce programme, la Déclaration de Persépolis de 1975, reconnaissait cependant que le nombre d´analphabètes dans le monde ne cessait de croître, tout en saluant les campagnes de masse qui avaient permis l´élimination totale ou quasi totale de l’analphabétisme dans certains pays.

L´Afrique de l´Ouest, qui faisait ses premiers pas dans les indépendances, devait faire face à de nombreux problèmes qui hypothéquaient ses chances de réussite et, en premier lieu, la pauvreté. En moyenne, le modèle éducatif en place permettait de scolariser seulement un enfant sur deux et un tiers des filles n´allaient pas à l´école. L´éducation formelle se montrait trop coûteuse et peu propice à l´extension quantitative de l´offre, la participation populaire à l´effort de financement de l´éducation était pour ainsi dire inexistante.

En dépit des efforts consentis, la progression de la scolarité restait très en deçà des besoins. A titre d´exemple, entre 1960 et 1980, les taux bruts de scolarisation (total des inscriptions dans un niveau donné d’éducation, sans distinction d’âge) avaient progressé de 8% à 18 % au Burkina Faso et de 46 % à 79 % en Côte d´Ivoire.

En 1990, Année internationale de l’alphabétisation, 155 gouvernements se réunissaient à Jomtien, pour proclamer la Déclaration mondiale sur l´Education pour tous (EPT) et établir un cadre d´action pour répondre aux besoins éducatifs fondamentaux. Constatant l´existence d´un grave problème d´analphabétisme fonctionnel dans tous les pays, tant industrialisés qu´en développement, le cadre d´action prévoyait, parmi les objectifs nationaux, de réduire de moitié le taux d´analphabétisme des adultes entre 1990 et 2000.

Un contexte difficile
Or, c´est en Afrique justement, que nous avions atteint un triste record en 2000 : le Niger, 40 ans après son indépendance, affichait les taux de scolarisation et d´alphabétisation les plus faibles du monde, soit, respectivement, 34,1% et 19,9%. Cela signifiait que deux enfants nigériens sur trois n´allaient pas à l´école et risquaient de ne jamais y aller et que quatre adultes sur cinq ne savaient ni lire ni écrire et risquaient de ne jamais savoir le faire, si aucune disposition n´était prise.

Au Burkina Faso, on notait que 18,9% des personnes de plus de 15 ans étaient alphabétisés. Ce taux révélait une répartition inégale entre les villes et les campagnes, entre les sexes et entre régions. La zone rurale était alphabétisée à 12% tandis que la zone urbaine l’était à 50%. Les hommes étaient deux fois plus alphabétisés (27,1%) que les femmes (11,5%). Le taux d’alphabétisation des plus pauvres était trois inférieur à la moyenne nationale et environ sept fois moindre que celui des plus riches (43,8%). Les ménages dont le chef avait atteint un niveau d’éducation relativement élevé étaient en général moins pauvres que ceux dont le chef était analphabète.

Au commencement du nouveau millénaire, le Forum mondial sur l´éducation qui s´est tenu à Dakar (avril 2000), avait adopté 6 cadres d´action régionaux, appelant les pays à tenir leurs promesses et à réaliser l’éducation « pour chaque citoyen dans chaque société ».

En résumé, on reprochait aux programmes éducatifs mis en œuvre après Jomtien d´être plus des programmes « prêt-à-porter » qu’une formation adaptée aux besoins concrets des populations concernées.

Autre difficulté : presque partout en Afrique, l’absence d’un programme national fédérateur de l’ensemble des actions entreprises par les acteurs institutionnels ou privés faisait que l´Etat n´était pas en mesure de collecter les données, d´assurer un suivi de l´évolution des efforts d´alphabétisation et d´orienter les actions vers des cibles et zones prioritaires.

Dans le cas du Sénégal, pas moins de quatre ministères développaient parallèlement et de manière autonome des programmes d’alphabétisation, sans aucune supervision du ministère chargé du secteur. La situation était encore plus ambigüe en Côte d’Ivoire où la responsabilité de l’alphabétisation était revendiquée par huit ministères.
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