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Euphrasie Yao séduit Africa Managers : la diplomatie ivoirienne du genre s´impose à Washington - Publiée le 26/05/2025

  
  

Euphrasie Kouassi Yao à Washington : La diplomatie du genre venue d´Abidjan

Abidjan Mai 2025 — Sous les dorures des institutions américaines et la lumière froide des think tanks de la capitale fédérale, une voix ivoirienne s’est faite entendre avec une clarté rare. Celle d’Euphrasie Kouassi Yao, figure de proue de la lutte pour l’égalité entre les sexes en Afrique, Conseillère spéciale du Premier ministre ivoirien et détentrice de la Chaire UNESCO « Eau, Femmes et Pouvoir de Décisions ». Son récent séjour à Washington, entre la fin avril et le début mai, marque un tournant dans la diplomatie ivoirienne du genre.

Un agenda diplomatique calibré, une vision assumée
Derrière l’image d’une femme au sourire chaleureux, une stratégie précise, celle de promouvoir un modèle ivoirien d’égalité des chances. Durant dix jours, Madame Yao a articulé ses interventions autour d’un mot-clé : résultats. Elle a rencontré les têtes pensantes de la Banque mondiale, comme Hana Brixi, Directrice mondiale du genre, pour plaider une coopération accrue. Et c’est avec un mélange d’assurance et de modestie qu’elle a exposé les avancées ivoiriennes.

« La volonté politique du Président Alassane Ouattara a été déterminante dans le renforcement des mécanismes d’inclusion », a-t-elle affirmé, selon des propos rapportés par la revue Africa Managers. Une déclaration qui trouve un écho concret dans les classements internationaux, notamment le SIGI 2023 de l’OCDE, qui positionne la Côte d’Ivoire en tête des pays africains en matière de lutte contre les inégalités structurelles.Au Département d’État, les échanges ont franchi un cap. Autour de la table, Thomen Martin, chargé des relations bilatérales avec la Côte d’Ivoire, et Sonya Weston, responsable des affaires africaines.

« Le dialogue était sincère et prometteur », a résumé l’ambassadeur ivoirien à Washington, Ibrahim Touré, dans un entretien exclusif à Africa Managers. « Ce genre de mission renforce l’image de la Côte d’Ivoire comme acteur global des politiques de genre. »

« Ce que nous partageons ici, c’est une volonté de supprimer les obstacles structurels qui limitent encore la pleine participation des femmes », a martelé la Ministre Euphrasie Yao. Une déclaration qui s’inscrit dans la continuité de sa vision. Celle qui consiste à faire en sorte que le genre ne soit plus une variable d’ajustement, mais une matrice des politiques de développement.

Une diplomatie douce mais puissante
Si certains observateurs s’étonnent encore qu’un pays d’Afrique de l’Ouest puisse devenir prescripteur en matière d’égalité, cette mission à Washington démontre le contraire. L’approche ivoirienne — pragmatique, fondée sur les résultats, mais ancrée dans les réalités locales — séduit. Elle interpelle. Elle inspire.

Ce n’est pas un hasard si les institutions américaines parlent désormais d’un modèle exportable. L’idée d’une diplomatie douce du genre, capable d’ouvrir des portes, de tisser des alliances et de faire entendre une voix du Sud global sur les grandes scènes du monde.

En quittant Washington, Euphrasie Kouassi Yao ne laisse pas derrière elle que des promesses de partenariat. Elle y dépose une conviction : celle que la lutte pour l’égalité des chances est une affaire de courage politique, mais aussi de cohérence stratégique.

« Le dialogue engagé témoigne d’une volonté commune d’agir pour un monde plus juste », conclut-elle dans les lignes de Africa Managers. Et ce monde plus juste, à en croire Washington, pourrait bien s’écrire avec un accent ivoirien.

Alpha Mourinho