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UNE FEMME A LA TETE DU PREMIER RESEAU DE JOURNALISTES POUR LA PROMOTION DU GENRE - Publiée le 01/09/2015

  
  

Jusque-là, en Côte d´Ivoire, il n´existait pas de réseau de journalistes spécialisés en problématique du genre. C´est chose faite depuis le 15 août 2015. Des hommes et des femmes des médias de ce pays ont décidé de jouer pleinement leur rôle dans la promotion du genre. Et ce, en mettant sur pied le Réseau des Journalistes et Communicateurs pour la Promotion du Genre (REJPG). Un réseau présidé par une femme qui compte apporter sa contribution à la correction des inégalités sociales.

C´est une première en Côte d´Ivoire: les journalistes traiteront désormais mieux des questions du genre. Ils se sont constitués en réseau pour faire la promotion de ce concept encore méconnu par la population et même par certains de leurs collègues et confrères.
Le REJPG a pris naissance sur demande du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), qui a formé une trentaine de journalistes en novembre 2014 à la faveur d´un atelier s´inscrivant dans le cadre du projet Genre et Police. Fort de cette formation reçue de l´agence onusienne, le réseau se donne pour objectifs de promouvoir le genre au sein de la force policière et dans tout autre secteur, de promouvoir toutes les Conventions qui protègent les femmes dans les situations de conflits et de désastres naturels, de veiller à la parité hommes-femmes, de dénoncer toute discrimination basée sur le genre, ainsi que les violences basées sur le genre.

«Les questions du genre étaient jusque-là très éloignées des populations. Avec la mise sur pied de ce réseau, nous pensons que c´est une occasion pour les experts, le gouvernement et même pour le simple citoyen de mieux comprendre le concept du genre et ce qu´est l´intégration du genre. Pour moi, c´est donc nécessaire qu´un groupe de journalistes se spécialise dans ce domaine», explique Alexis Tanoh, rédacteur en chef du quotidien ivoirien «Le Jour Plus» qui salue l´avènement dudit réseau. Plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) œuvrant pour une meilleure représentation des femmes dans des postes de décisions, se sont réjouies de la mise sur pied de ce réseau. Rachel Gogoua, présidente du Groupe des Organisations Féminines pour l´Egalité Hommes Femmes (GOFEHF), apprécie à sa juste valeur la création d´un réseau de journalistes qui se donne pour mandat de promouvoir le genre en Côte d´Ivoire. «La presse est pour nous un puissant relais pour faire passer notre message. Par l´intermédiaire des hommes et des femmes des médias très au fait de la question du genre, nous pensons pouvoir réaliser notre objectif de faire de l´égalité hommes et femmes une réalité. Et cela, à travers le vote et la promulgation d´une loi sur la parité hommes et femmes dans notre pays», indique la première responsable du GOFEHF. Même son de cloche pour Laman Amenan Odette, assistante chargée des programmes du Réseau Paix et Sécurité pour les Femmes de l´Espace CEDEAO section Côte d´Ivoire (REPSFECO-CI). «Un réseau de journalistes spécialisés en genre aiderait à faire comprendre davantage l´importance de la prise en compte du genre dans les programmes de développement. Le journaliste professionnel et spécialisé sait donner la bonne information et contribuer à l´éducation et à la sensibilisation des personnes. Donc, je pense qu´un réseau de journalistes spécialisés en genre pourrait aider à faire avancer la cause des femmes encore victimes de discrimination», confie-t-elle.
Porté sur les fonts baptismaux ce mois-ci, le REJPG a une particularité, c´est d´être dirigé par une femme. Fleur Koffi, journaliste sur «Fréquence 2», deuxième chaîne de radio du groupe de la Radiotélévision Ivoirienne (RTI). L´élection de celle-ci est un signal fort des participants à cette assemblée générale constitutive. Ils ont voulu encourager le leadership féminin et montrer que la femme peut être tout aussi compétente que l´homme pour diriger un groupe. «C´est un excellent choix. Par rapport au genre, il était intéressant de démarrer ce réseau avec une femme à sa tête. Cela montre déjà le niveau de notre engagement et surtout la perception que nous voulons donner. Donc, en confiant le réseau à une femme, nous avons voulu donner l´exemple», relève Alexis Tanoh, rédacteur en chef du quotidien ivoirien «Le Jour Plus», qui a pris part aux travaux de ladite assemblée générale. Un avis d´ailleurs partagé par Laman Amenan Odette: «Je suis d´accord pour une femme présidente et c´est dit sans complaisance. Je suis d´accord pour que ce soit une femme dynamique et compétente, à même de faire avancer la cause du genre car le genre, ce n´est pas la féminisation des postes mais la valorisation des compétences». Quant à Fleur Koffi, présidente du REJPG, elle a déjà démontré l´ampleur de son engagement pour la cause des femmes à travers des productions sur la chaine de radio où elle travaille depuis mai 2013. Mais sa volonté de faire la promotion du genre remonte à 2012, précisément à la suite de l´avènement de la loi sur l´égalité dans le couple. «C´est une loi qui a quelque peu rehaussé l´image de la femme dans le couple et depuis, je me suis engagée à faire respecter les droits des femmes. Et puis, j´ai manifesté l´envie de me dépasser en m´intéressant à la déscolarisation des jeunes filles en milieu rural, aux mutilations génitales féminines, aux violences basées sur le genre. Je suis avant tout une féministe engagée. Je le dis parce qu´être femme et ne pas mener cette lutte, c´est absurde», explique-t-elle. La formation demeure la priorité pour la présidente du REJPG. Selon elle, des journalistes bien formés seront à même de mieux informer les populations sur les enjeux et les avantages du genre pour la Côte d´Ivoire. Fleur Koffi a saisi l´occasion pour lever un coin du voile sur le lobbying que compte mener le réseau pour faire voter la loi sur la parité en Côte d´Ivoire. Un combat que mènent depuis longtemps plusieurs ONG féminines ivoiriennes. «La force de notre réseau, c´est qu´il regroupe les journalistes de l´audiovisuel, de la presse écrite et de la presse en ligne. Il va travailler à la sensibilisation du public à travers des émissions de radio, de télé, des articles de presse, des reportages et des dossiers dans la presse papier et en ligne. Tout cela va concourir au changement de mentalités au sein de la population mais surtout auprès des décideurs. Ces actions tendront vers la parité à travers la prise en compte de ce que veulent les femmes par rapport au vote de cette loi », soutient-elle. Conscients de leur rôle de médiateurs sociaux, les journalistes membres du réseau dirigé par une femme forte, s´engagent à corriger les disparités du genre, qui ont encore la dent dure en Côte d´Ivoire.

 

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